La Rivière de Wilwarin

Cette petite rivière traverse le royaume de Wilwarin. Elle est jolie et très propre. Quelques petits ponts la traverse à plusieurs endroits et ce cours d'eau est très calme. Peu de gens viennent y passer du temps. L'eau est potable et de nombreux poissons nagent joyeusement dans ces eaux. C'est l'endroit parfait pour se reposer après un long voyage eou une aventure essoufflante.

La jeune fille avait suivit Ekur le long d'un sentier qui descendait en pente douce vers la rivière. les chevaux, tenus par la bride, frémissaient au bruit doux de l'eau, impatients de se désaltérer. Lorsqu'elle vit une larme perler au coin des yeux du prêtre qui l'accompagnait, Zofia interrogea doucement, craignant de commettre un impers:

"Vous allez bien, Ekur?"

*Décidément, tout le monde se sent mal aujourd'hui... Heureusement que les montures ne se mettent pas à pleurer aussi, autrement, nous pourrions nous-même alimenter la rivière...*

En parlant de rivière... La voilà justement qui se dessinait devant eux, cours d'eau cristallin et frémissant, auquel le soleil donnait des reflets argentés comme des fils de métal précieux...(quel sens de la poésie et du lyrisme, mesdames et messieurs! )

Attendant toujours la réponse du jeune homme, la ménestrelle laissa les animaux vagabonder, les surveillant du coin de l'oeil. Ceux-ci plongèrent immédiatement le nez dans le ruisseau, avant de se trouver un coin d'herbe à l'ombre des arbres qui avaient pris racine près de la rivière et de se mettre à paître goulûment.

*Ce doit être le même cours d'eau que celui où nous nous sommes arrêtés ce matin avec Ceganion... Je me demande s'il traverse tout Wilwarin...*

Se laissant tomber à genous sur le sol herbeux, Zofia eut un charmant sourire pour Ekur, avant de porter le liquide rafraîchissant à sa bouche par l'intermédiaire de ses mains rassemblées en coupe. Après avoir bu durant quelques minutes, elle se retourna, un filet d'eau clair ruisselant encore sur son menton, les gouttes achevant leur course dans son cou, la faisant frissonner car elles étaient glacées.

S'asseillant sur le sol, les genoux repliés contree la poitrine contre une petite enfant, et le visage baissé vers l'eau qui coulait pour aller elle ne savait où, la petite sentit une brusque vague de mélancolie l'étreindre.

Plongée dans ses pensées, elle oublia qu'il y avait quelqu'un à côté d'elle et se prit à fredonner, puis à chanter de sa jolie voix claire. Les paroles, apprises en compagnie de son maître, se retrouvaient incompréhensibles, car issues d'une langue si ancienne que les habitants de ce monde l'avaient oublié... a part peut-être les déesses, mais Zofia doutait d'avoir un jour l'honneur de vocaliser pour des divinités. La mélodie, belle et rassérénante, s'accordait parfaitement avec le cadre. Prenant de l'assurance, la jeune chanteuse en profitait pour interpréter son chant tout en nuance, jusqu'à une fin en vibrato s'arrêtant brusquement sur une note aigue et émouvante.

Se rendant soudain à la réalité, et en s'apercevant qu'Ekur l'avait écouté, la vagabonde, rougit. Elle n'avait pas l'habitude de se laisser ainsi déborder par la musique. lorsqu'elle jouait en public, elle savait en général se modérer.

"Pardon... Désolée... Je... je me suis laissée emporter, je crois...*

Ekur réfléchissait quand Zofia lui demanda s'il allait bien. Quand le prêtre aperçut la rivière, il s'assit près de l'eau, à quelques pieds de Zofia. *Je vais lui laisser son espace vital... Peut-être veut-elle être seule...* Il se pencha, plongea sa tête dans l'eau et but le liquide à grandes gorgées. IL en profita pour remplir sa gourde. Ekur se tourna vers la ménestrelle, le visage trempé. Elle lui sourit et but de l'eau en formant une coupe à l'aide de ses mains. Ensuite, elle s'assit sur le sol et commença à chanter. Ekur n'avait jamais entendu une si belle voix chanter une si belle chanson. Étrangement, le prêtre avait l'impression d'avoir déjà entendu cette chanson. Il entonna le chant à l'aide de sa voix de baryton mais il ne chanta pas très fort. Quand la jeune femme arrêta de chanter, il resta bouche bée. Elle s'excusa mais Ekur la détrompa vite.

-Ne vous excusez pas... Je n'ai jamais entendu une si belle mélodie chantée par une si belle chanteuse...

Le visage du prêtre changea pour devenir rouge comme la lave de la montagne d'Aegnor. Il se rapprocha un peu de Zofia et déposa son panier de fruit. Le phénix vint manger quelques fruits puis repartit dans les arbres en faisant attention de ne pas les brûler. Ekur se reprit.

-Vous êtes une chanteuse magnifique. Pouvez-vous recommencer? S'il vous plaît?

Tout en chantant, l'adolescente avait cru entendre une voix plus grave l'accompagnant. Ekur chantait juste et joliment, mais ne semblait pas bien sûr de lui. En tout cas, elle se trouvait étonnée de savoir que le jeune prêtre connaissait sa chanson. En effet, la fillette avait toujours cru qu'il s'agissait d'un chant exclusif au continent du feu...

De nouveau dans ses pensées, elle sursauta en entendant le compliment laissé échappé par son compagnon. A 16 ans, Zofia avait déja entendu quelques phrases de ce genre, mais celà ne l'empêcha pas pour autant de piquer un fard. Masquant sa gêne par un joli rire, non pour se moquer d'Ekur, mais tout simplement parce qu'elle se sentait bien, elle murmura ensuite, un éclat de malice dans ses yeux couleur turquoise:

"Merci... J'ignorais que les prêtres de Kanbonverka pouvaient être d'aussi agréable compagnie!"

Avec un sourire qui éclairait son visage de lutin, où perçaient quelques traits un peu plus vifs, ceux de la femme qu'elle deviendrait si on lui laissait quelques années, la ménestrelle regarda le phoénix qui s'envolait en emportant son repas, l'air intrigué par ce drôle d'oiseau qu'elle n'avait fait jusqu'alors qu'entr'apercevoir de loin.

"Il est magnifique! Où l'avez vous trouvé?" demanda-t-elle doucement tout en admirant le majestueux animal qui venait de se percher sur un arbre après les avoir survolés.

Lorsque le jeune homme la pressa de chanter à nouveau, la brune réfléchit quelques instants. Elle comptait une bonne centaine de chants et de ballades dans son répertoire, recueillis tout au long de sa route, dans différents styles, issues de nombreux folklores tous plus surprenants et admirables les uns que les autres. Regrettant de ne pas avoir emporté son violon pour l'accompagner, elle se fixa sur une chanson à voix, une jolie ballade venue de Glingal, un de ces chants qu'on entonnait lors des fêtes et des ducasses, qui ne necessitaient pas d'accompagnement et dont on pouvait très facilement retenir le refrain et le reprendre en choeur.

Battant la mesure avec son pied, fredonnant quelques instants la mélodie pour se la remettre en mémoire, Zofia adressa un sourire éclatant de joie retrouvée à son compagnon. Se déplaçant, elle se rassit à côté de lui, et commença à chanter, le regard fixé sur le lointain, mais revenant de temps en temps se poser sur son auditeur.

La chanson, comme beaucoup de celles écrites dans son village et transmises de génération en génération, avait connu de nombreuses variantes. Mais comme tous les chants traditionnels, le sujet en était facilement identifiable: le labeur des champs, le bonheur d'une famille unie dans le travail et les loisirs, la beauté du paysage et de la terre. En entendant la voix de soprano de la trouvère s'élever, on pouvait presque sentir l'odeur de la terre labourée et des forêts de connifères qui s'élevaient autour de la petite bourgade où elle avait vu le jour.

Pour la petite, chanter cet air représentait autant un bonheur qu'une torture. Repensant aux merveilleux moments qu'elle passait autrefois avec sa famille, elle ne pouvait en effet que songer, par suite et association d'idées, à la façon dont ses parents et ses amis avaient trouvé la mort dans leurs chaumières carbonisées.

Se reprenant, elle entonna une seconde fois le refrain final, avant de laisser sa voix s'éteindre en douceur. Refoulant ses larmes avec difficulté, avalant lentement sa salive, elle se retourna vers son guide, le visage mélancolique sans sembler vraiment triste comme à peine une heure auparavant:

"J'espère que celà vous a plu... C'est un chant qu'on reprenait tous en choeur les jours de fête, dans mon village..."

Détournant le regard, elle se composa un visage plus joyeux. Un faible sourire apparut lorsqu'elle admira de nouveau le paysage où ils se trouvaient. Attendant l'appréciation d'Ekur, elle se détendit, étirant ses jambes et ses bras avec délice.

(hj: Désolé du retard)

Un sourire éclaira le visage d'Ekur quand elle dit que les prêtres de Kanbonverka étaient de bonne compagnie. Il se sentit mal car elle n'avait pas dit qu'il était lui une agréable compagnie. Il se sentit rabaissé par cette mise en général. Il n'était pas vantard et ne pensait pas être meilleur que les autres prêtres mais il n'était pas comme les autres. IL avait vécu des horreurs qui le rendait triste rien qu'à y penser. Le prêtre était un semi-elfe né du viol d'un soldat maléfique lors d'un raid contre le village de sa mère. Il l'avait appris à l'âge de 29 ans en écoutant aux portes. Il avait surpris son père adoptif jurer contre lui. IL avait dit:

"Ce petit bâtard ne mérite pas de vivre. Son sang ne lui permets pas d'être un honnête homme. Son géniteur devrait le reprendre immédiatement."

Ekur en avait immédiatement parlé à sa mère qui lui avait out révélé.Pour un semi-elfe, 29 ans est comme un humain de 6 ans. Sa mère, une elfe, était d'une gentillesse incroyable. Elle était honnête et serviable. Elle travaillait comme femme à tout faire d'un riche homme hautain.

Revenant à la réalité, il répondit distraitement à la question de Zofia.

-Je l'ai acheté à un homme se nommant Kyidrean qui possède une animalerie sur le continent de l'eau.

Alors, Zofia entonna un joli chant qui était étranger à Ekur. Elle regardait l'horizon mais se retournait parfois pour regarder son auditeur. La fin lui donna le goût de pleurer. Elle lui demanda son appréciation et il lui répondit:

-Vous êtes une fabuleuse chanteuse! Cette chanson était magnifique!

IL prit sa respiration et observa les reflets de l'eau.

- Que désirez-vous faire maintenant?

Rougissant à nouveau sous les compliments, Zofia remercia d'une voix douce. Elle n'avait que trop remarqué le trouble qui s'était emparé du demi-Elfe lors de sa remarque sur les prêtres. Celà la désolait, car pour elle, il s'agissait de louanges. Si elle ne citait pas Ekur explicitement, c'était simplement pour ne pas l'embarrasser et aussi parce qu'elle ne savait pas dire ce genre de choses sans se tranformer en pivoine et baisser les yeux.

Que voulait-elle faire maintenant? Elle n'en avait malheureusement aucune idée. Certainement pas se retrouver seule! Non, elle voulait rester avec Ekur. Pas forcément parce qu'elle ressentait quelquechose pour lui... Enfin si... Une amitié très vite éclose, simplement parce qu'elle se trouvait l'instant d'avant dans une grande détresse psychologique et que le jeune homme l'en avait tiré au bon moment...

Elle n'avait en fait aucune envie de bouger. Elle se trouvait très bien, assise là, au bord de l'eau, à côté d'une personne qu'elle ne connaissait pas du tout mais qui d'emblée lui paraissait sympathique.

*Avoue qu'il te plaît, ce garçon... hein Zofia? Alors dit quelquechose avant qu'il ne pense que tu préfère être tranquille*

"Je... Je ne sais pas vraiment...Avez vous une idée particulière?"

Fixant l'eau, elle se dit qu'une baignade ne serrait pas de refus. Mais évidemment, c'était impossible tant qu'Ekur se trouvait à proximité... Refoulant son envie de se jeter avec volupté dans l'eau glacée, elle réfléchit rapidement, mais s'avoua rapidement en panne d'idée.

"Je ne connais pas du tout cet endroit...Ce matin, j'étais partie l'explorer avec un... un ami qui habite à Wilwarin...Mais il a du partir, et maintenant que je suis seule, j'avoue me retrouver un peu désoeuvrée..."

Un vent froid venait de se lever, agitant et faisant bruisser les feuilles. Dans le silence emplis que réflexion qui suivit, on entendait Salia, la petite pouliche noire, hennir et agiter la queue en tous sens pour chasser les insectes qui tentaient de la piquer...

L'adolescente frissonna. La tenue offerte au château (ou devrait-on plutôt dire, par le château) était si légère qu'on voyait quasiment au travers, et le curieux bâtiment magique, apparemment peu au courant de la météo, avait omis d'y adjoindre un quelconque gilet. Resserrant ses bras autour d'elle pour essayer de conserver un peu de chaleur, la petite demoiselle remarqua pour elle-même que la température avait baissé brusquement, mais ne dit rien, habituée qu'elle était à passer ses nuits dehors, quelle que soit la saison. L'étée, il s'agissait d'une activité agréable, elle parvenait d'ailleurs très rapidement à s'endormir... Mais à partir de l'automne, c'était là une toute autre affaire...

Grelottant , regardant la chair de poule lui hérisser les bras, elle mit cette brusque sensibilité à la fraîcheur sur le compte de la fatigue. Cependant, elle ne bougea pas, ne voulant pas passer pour une mauviette alors qu'elle avait déja affronté des climats bien plus rudes...

Ekur avait un certain "don" pour rendre les gens mal à l'aise. IL ne comprit pas immédiatement pourquoi elle rougissait. Il eut un éclair de génie. "Oh... Je l'embarasse à cause de mes compliments...* Il rougit à son tour, un peu honteux. Elle lui répondit qu'elle ne savait pas quoi faire. Le prêtre réfléchit quelques instants. IL fut tiré de sa torpeur par la voix de son phénix dans sa tête.

**Que penses-tu de cette fille?**

Sa "voix" avait l'air un peu espiègle.

~Je n'en sais rien... Elle est très gentille, une excellente chanteuse...~

Son animal le coupa.

**Non, je veux dire, quels sont tes sentiments à propos d'elle?**
~Je n'en sais trop rien... J'ai toujours eu de la difficulté à... déchiffrer mes émotions.~
**Demande-lui les siens!**
~Mais es-tu fou? On ne demande pas ça! Peut-être les phénix le font mais ce n'est pas la manière d'aller des humains!~

Il se maudit d'avoir dit cette phrase, qui lui ramena les souvenirs à la mémoire. Il n'était pas humains... IL n'était qu'un semi-elfe quelconque. Un fils d'un homme du continent du Mal. Il se tourna vers Zofia.

-Je... Je suis désolé mais je crois que je vais devoir partir...

IL se retourna et son phénix vint sur son épaule.

(héééééé! Daurkus, ca se fait pas de squatter un sujet comme ça! Enfin c'est pas très grave mais quand même... On s'y retrouve plus après! Ekur, désolée pour le temps de réponse, j'étais partie, mais je pensais avoir prévenu dans "absence"... Enfin tu l'as peut-être pas vu, c'est pas grave... Revenons à nos moutons...)

A l'annonce du départ d'Ekur, la jeune ménestrelle sursauta. Une moue adorable de cupidon boudeur s'afficha sur sa figure mate, tandis qu'elle attrapait un caillou pour le jeter dans l'eau. Allait-elle encore et toujours se retrouver toute seule lorsqu'elle passait un moment avec quelqu'un de sympathique? Avait-elle donc un défaut exécrable pour que les gens s'empressent de la quitter à peine les premieres paroles échangées?

"Partir, déja..."murmura-t-elle d'un ton déçu...

Si le jeune prêtre s'en allait il faudrait qu'elle aussi rebrousse chemin. Ceganion était-il rentré au château? allait-elle pouvoir y dormir... En tout cas, il fallait absolument qu'elle ramène Salia au roi de Wilwarin... Se rendant compte que son attitude pouvait laisser sous-entendre des choses qu'elle n'avait pas l'intention de montrer, elle se releva en même temps que son vis-à-vis, observant un bref instant le magnifique oiseau qui venait de se poser sur son épaule. Puis, alors qu'elle restait silencieuse, son regard vint se poser sur celui d'Ekur. Il n'y demeura tout d'abord pas, vagabondant vers le paysage, mais s'y fixa au bout d'un moment.

"Dans ce cas je n'ai pas le droit de vous retenir..."

Son ton se fit las, mais elle tenta de ne rien laisser paraître.

*Tu t'attache trop vite aux gens, c'est toujours ainsi, Zofia. Cet homme-là, tu ne le reverra sans doute jamais... Et pourtant... Tu aimerais bien, non? Essaie quelquechose...*

Quelque chose pour faire quoi? Tenter de retenir le demi-elfe? S'il voulait partir, c'est qu'il avait sans doute d'autres occupations que de s'occuper d'une gamine désoeuvrée et perdue...

Avec un sourire qui ne parvenait pas à cacher sa tristesse et sa terreur soudaine de la solitude, la chanteuse, qui se tenait à quelques centimètres d'Ekur, releva la tête vers lui avant de prononcer:

"En tout cas, merci pour ce que vous avez fait pour moi. C'était... très généreux de votre part... J'espère ne pas vous avoir trop importuné..."

Soutenant toujours son regard, elle tendit timidement la main vers le phoenix, désireuse de toucher son pelage chamarré. Le volatile se laissa faire, pliant le cou pour accepter cette caresse mal assurée. Pas que Zofia ne sache pas s'y prendre avec les animaux, au contraire, mais la proximité du prêtre faisait trembler sa main, qui s'en alla malencontreusement toucher la jour du jeune homme.

Les joues empourprées, l'adolescente retira précipitamment sa main et détourna la tête.

*Idiote! maintenant il va se faire des idées... qui sont peut-être vraies, d'ailleurs! N'oublie pas, Zofy, ne jamais t'attacher. Ca t'as fait trop de mal avant, ne t'y risque pas...*

S'éloignant, ne sachant plus quelle attitude adopter, la brunette recula de quelques pas, ses yeux bleux écarquillés dans une expression de stupeur presque enfantine. Soupirant, elle se rassit sur un rocher sans prononcer une parole. Apparemment, prostrée, elle semblait attendre le départ d'Ekur, qu'elle pensait avoir blessé ou mis mal à l'aise. Mais en son for intérieur, elle aurait tellement désiré ne pas se retrouver toute seule!

Ekur écouta attentivement Zofia. Elle semblait déçue qu'il parte. En fait, il ne savait pas trop ce qu'il devait faire. S'il partait, il retournerait probablement chez lui mais pourquoi? IL n'avait pas envie de se retrouver seul à ne rien faire chez lui. Quand le regard de Zofia rencontra le sien, ses joues s'empourprèrent. IL détourna rapidement les yeux. Il n'aurait pu tenir ce regard plus longtemps. IL se retourna mais elle le regardait toujours. Le jeune prêtre soutint son regard et elle le remercia d'être resté avec lui. Elle tendit sa main pour caresser le plumage du phénix mais celui-ci, espiègle, poussa un peu sa main qui toucha la joue d'Ekur. Rouge comme une tomate, le prêtre ferma les yeux et se retourna. IL entendit son phénix rire.

**Pourquoi ris-tu?**
~ Non, pour rien... j'adore rendre les gens mal à l'aise...~
**Tu as réussi ton coup**

Le semi-elfe semblait fâché mais l'oiseau mythique ne s'en occupa pas.

~Dis-lui! Je sais que tu aimerais rester avec elle.~
**Oui mais...**
~Pas de mais! Elle veut que tu restes!Pourquoi crois-tu qu'elle t'a dit qu'elle ne pouvait pas te retenir?~
**Je..**

Il ne savait plus que faire. Finalement, Zofia s'était assise sur un rocher. Ekur S'avançaet lui dit:

-Finalement, je vais rester. De toute façon, je n'ai rien à faire ailleurs. Ma maison est déserte et presque personne ne sait où je vis.

(j'adore ton piaf il est génial!)

Perdue dans des pensées, qui à voir sa mine, devaient être négatives, Zofia mit un moment avant de donner un sens à la dernière phrase de son interlocuteur. En fait, elle eut besoin d'un temps pour rélaliser qu'il venait de lui parler. En effet, après la "blague" du phoenix, la jeune fille croyait le prêtre de Kanbonverka déja parti, mais elle n'avait toujours pas levé la tête, de peur de croiser son regard. Clignant des yeux, elle se tourna vers lui, le visage incertain.

"Vous restez...?"

Après quelques minutes d'embarras, elle décida de prendre la situation avec un minimum d'humour.

"Et bien! Vous changez rapidement d'avis! Vous ferais-je à ce point pitié pour que vous ne vouliez plus me quitter?"

Accompagnant sa remarque d'un éclat de rire amical, elle se dit en son fort intérieur que ce pourrait bien être la vérité. Cependant, pour s'empêcher de faire grise mine, elle se détourna et ramassa un brin d'herbe, qu'elle déposa entre ses lèvres pour en mâcher l'extrémité, comme elle le faisait lorsqu'elle partait en excursion avec son frère, à deux sur Aewos. Zofia, en croupe, dans une position inconfortable, suppliait toujours pour faire une pause près d'une rivière un peu comme celle où la ménestrelle se trouvait en ce moment. Les deux cavaliers restaient assis pendant des heures, discutant avec sérieux des choses qui peuplaient leur vie de jeunes adolescents. Ou bien ils jouaient à cache-cache dans les arbres, grimpaient en leur cîme pour observer leur maison dont la cheminée fumait au loin... Ou encore ils allaient nager, quand le temps le permettait...

Tant de souvenirs... Depuis qu'elle était partie, ce n'était plus pareil. La brunette s'était en effet juré qu'elle ne remettrait plus jamais un pied à Glingal, même pour tout l'or du monde. Ce pays qu'elle adorait étant enfant représentait maintenant pour la jeune femme une terre détestée, car elle y avait perdu ceux qu'elle aimait...

Rebroussant chemin dans sa tête, elle accordait à présent son attention à ce qu'il se passait à côté d'elle. Adressant un bref sourire à Ekur, elle interrogea, se souvenant qu'il avait fait allusion à sa maison:

"Et où habitez vous, si ce n'est pas indiscret?"

Elle ignorait la cause de sa question. Après tout, il fallait bien alimenter la conversation. Zofia, en effet, détestait le silence gêné qui avait tendance à s'installer lorsqu'elle ne savait plus quoi dire. Celà la rendait davantage encore mal à l'aise, et l'empêchait presque de parler. Triturant toujours son brin d'herbe, elle retira ses chaussures et remonta légèrement le bas de son pantalon, avant d'étendre ses pieds. de là où elle était, elle pouvait toucher l'eau du bout des orteils. S'amusant à s'éclabousser les chevilles à coup de pieds dans l'eau, elle regarda en direction du prêtre, et se mit à rire légèrement:

"Je suis une vraie gamine..."

Quand elle se retourna vers lui, les joues d'Ekur prirent une couleur des plus rouges possibles, comme le coeur du semi-elfe.

"Et bien! Vous changez rapidement d'avis! Vous ferais-je à ce point pitié pour que vous ne vouliez plus me quitter?"

Le prêtre ne comprit pas immédiatement qu'elle blaguais.

-Pas du tout! Je...

Elle le coupa en éclatant d'un rire amical, sans l'avoir entendu. Ensuite, l'homme la vit plonger dans ses souvenirs. Elle semblait tellement concentrée qu'il vit qu'au début, elle était assez heureuse. Puis, son sourire s'effaça. IL avait dû se passer quelque chose de terrible. Après ce dernier souvenir, elle lui adressa un sourire vif et l'interrogea.

"Et où habitez vous, si ce n'est pas indiscret?"

-Oh, j'habite dans une simple petite hutte dans une grande plaine du royaume de Mynorie. Je vis simplement des bienfaits de la nature, que Ma Déesse, Kanbonverka, crée. Vous allez peut-être me trouver idiot ou étrange mais... je ne mange pas de viande. Je n'aime pas quand les gens tuent des animaux afin de se nourrir alors que nous pourrions le faire à l'aide de plantes. Mais je ne leur en veux pas.

Zofia s'assit près de l'eau et s'amusa à s'éclabousser les chevilles. Cela fit apparaître un joli sourire sur les lèvres d'Ekur.

"Je suis une vraie gamine..."

Cette remarque le fit éclater de rire. Il s'assit à côté d'elle et enleva ses bottes. IL retira son armure aussi et la déposa près de l'arbre. IL était maintenant en simple tunique qu'il ne craignait pas de mouiller. Il agaça son phénix.

**Tout à l'heure, tu pourras servir à quelque chose! Tu sècheras mes vêtements!**
~Je me réjouït d'avance!~ plaisanta l'animal mythique.

Ensuite il sauta dans l'eau, éclaboussant l'adolescente. Il prit un air innocent.

-Oups! Je suis désolé! L'eau est fraîche! Venez!

Suite à cette remarque qui indiquait qu'il voulait qu'elle plonge à l'eau toute habillée ou le contraire, il rougit comme une tomate.

A la remarque d'Ekur qui précisait qu'il ne mangeait jamais de viande, Zofia ne put réprimer un sourire. Elle aussi réprouvait le fait de tuer des animaux. Cependant, lorsqu'on est une voyageuse et qu'on ne possède souvent pas un sou vaillant, il faut bien se nourir avec ce que l'on trouve, et son arc lui avait souvent sauvé la vie de cette manière, même si elle lui semblait cruelle et égoiste.

Une sensation d'humidité et de froid s'abbatit soudain sur elle alors que son esprit se laissait déja emporter au loin, dans son habituel flot de pensées disparâtes. Sursautant, elle réalisa soudain qu'Ekur, après avoir ôté son armure, venait de sauter dans l'eau juste en face d'elle, l'éclaboussant apparemment à dessein bien qu'il fasse mine de s'excuser. Comprenant son invitation à le rejoindre, la ménestrelle faillit sauter immédiatement dans l'onde fraîche, mais se contint. En effet, elle répugnait à mouiller ses vêtements, les seuls vraiment beaux qu'elle avait jamais possédé. Même dans son enfance, elle ne s'habillait que de jupes paysannes et de corsages de toile, certes moins miteux que sa tunique et son pantalon de voyageuse, mais qui ne valaient rien par rapport aux habits trouvés au palais.

Réfléchissant un bref instant, elle décida de mettre sa pudeur de côté, et retira sa veste et son pantalon bouffant, se retrouvant ainsi en sous-vêtements. Rien de bien excitant à voir, d'ailleurs, simplement une brassière et un mini-short noir, assez collant pour ne pas la gêner dans ses mouvements, mais qui ne semblait pas fait pour aguicher ou attirer les hommes. Il s'agissait d'affaires de voyageuse, et Zofia avait rarement le temps de penser à séduire ou à améliorer son image. Néanmoins, ainsi vêtue, on pouvait admirer son corps aux formes menues, certes, mais jolies, et ses muscles développés par la marche et l'escrime, tout en restant naturels et donc seyants.

Elle entra dans l'eau avec précaution, s'éclaboussa rapidement le ventre et la tête, avant de décider que la température, bien que pas très élevée, lui convenait parfaitement, et de prendre une bonne goulée d'air afin de plonger. le premier réflexe qu'elle avait en pénétrant dans une rivière, c'était en effet de s'immerger pour voir où se trouvaient les trous d'eau et les rochers. Prudence élémentaire pour une jeune fille qui vivait livrée à elle-même et ne pouvait donc pas se permettre de se blesser bêtement, sous peine d'être immobilisée et à la merci du moindre danger.

Contournant Ekur, toujours sous l'eau, elle repéra enfin ce qu'elle cherchait. Un creux dans le fond sablonneux, où pointaient de-ci de-là quelques rochers érodés par le contact permanent de la rivière. Avec un sourire, elle refit surface. Il était temps de se venger des éclaboussures causées par le prêtre...

Reprenant son souffle, elle repassa face à son compagnon, un air charmant sur le visage.

"L'eau est vraiment délicieuse... j'adore me baigner..."

Son sourire s'aggrandit tandis qu'elle se rapprochait du jeune homme, les yeux brillants d'une étincelle joueuse; son visage arborant une moue adorable de petite fille boudeuse, tandis qu'en son fort intérieur, elle cherchait comme faire basculer son vis-à-vis.

"J'adore me baigner" reprit-elle d'un ton pensif, la mine soudain songeuse.

Se faisant, elle passa une jambe derrière celle d'Ekur, le plus discrètement possible afin qu'il se retrouve totalement pris au dépourvu.

"Et surtout plonger..."

Brusquement, elle saisit le jeune homme par les épaules, sans brutalité, et se servit de tout son poids pour le faire basculer en arrière.

"Pas vous?"

Sa jambe faisant levier, elle parvint à réaliser ce qu'elle voulait, et l'entraîna au fond de l'eau, vérifiant qu'il ne se ferait pas mal contre les rochers.

Ayant ainsi prit sa revanche, elle s'éloigna d'une nage fluide pour se mettre à l'abri d'une riposte. Avisant un rocher au milieu de l'eau, la petite s'assit dessus, prenant une pose innocente, façon petite sirène qui n 'a rien fait de mal...

Elle se sentait bien, la jeune Zofia, dans ce genre de circonstance. Elle avait joué ainsi pendant toute son enfance, et le prêtre de Kanbonverka l'avait mise à l'aise et consolée, ce qui faisait qu'elle lui accordait à présent confiance et sympathie.

*Voir plus, hein Zofy... Toi, ferme-là!*

Frissonante car à présent qu'elle s'habituait à l'eau, l'air lui semblait bien plus froid, elle attendit qu'Ekur vienne vers elle, un grand sourire triomphant et taquin aux lèvres. Ne pouvant plus se retenir, elle s'écria en riant:

"Oups, je suis désolée! L'eau est fraîche..."

Achevant de l'agacer, elle lui lança quelques goutes d'eau du bout du pied, avant de terminer en une dernière boutade souriante:

"N'est ce pas?"

Ekur détourna les yeux quand elle retira sa veste et ses pantalons, uniquement par respect. IL se connaissait assez bien pour dire qu'il l'aurait fixé comme un voyeur. IL se retourna vers elle quand il l'entendit plonger. Il fouilla l'eau des yeux mais ne la vit pas. La rivière était quand même assez profonde. L'eau lui arrivait presque aux épaules. Il commença à s'inquiéter mais elle ressortit devant lui. Elle lui dit avec un air charmant:

"L'eau est vraiment délicieuse... j'adore me baigner..."

Elle eut un grand sourire. Elle répéta qu'elle adorait se baigner. Pendant qu'elle dit cela, le prêtre sentit un léger effleurement près de ses jambes qu'il attribua à un petit poisson téméraire. Ensuite, la jeune Ménestrelle le fit basculer et il tomba dans l'eau, surpris. IL sentit que Zofia s'en allait en nageant et il tenta de l'attraper par la cheville afin de la ramener près de lui mais elle s'enfuit à la nage. IL ressortit de l'eau, sa tête complètement trempée, comme ses vêtements. IL la vit s'asseoir sur une pierre et prendre un air innocent. Pendant qu'elle l'agaçait, il s'approcha du bord de l'eau afin d'enlever sa chemise toute mouillée. Mais elle collait à sa peau. IL réussit enfin, après quelques secondes d'effort.

**Cyan, tu as du travail!**
~Oui monsieur!~ répondit le phénix avec un air de soldat.

L'oiseau mythique s'approcha et observa la belle chemise verte trempée. Sans attendre, il la prit dans ses serres et l'emmena dans son arbre, l'accrochant sur une branche qui était au soleil. Ekur se retourna vers Zofia, qui l'arrosait.

-Bravo! Je ne croyais pas que quelqu'un du continent de la Terre plus agile que moi dans l'eau. Vous m'avez montré que je ne suis pas le meilleur. Mais j'ai bien l'intention de te redonner la monnaie de ta pièce.

Il s'avança et s'assit près d'elle. IL observa le ciel et la rivière. Il vit des petits poissons nager allègrement près d'eux. Il se retourna et vint croiser le regard de Zofia.

-La nature est magnifique...

Zofia regarda son compagnon aller jusqu'à la rive afin de retirer sa chemise. Elle lui accorda un bref coup d'oeil, appréciateur bien malgré elle, avant de détourner la tête pour ne pas paraître incorrecte. Après tout, il ne l'avait pas dévisagée lorsqu'elle s'était déshabillée, autant lui rendre la politesse. A la remarque du jeune homme quand au continent de la terre et à ses habitants, elle sourit, sans pour autant détourner son regard de lui. Prudence élémentaire, car elle ne voulait pas se retrouver à l'eau comme elle venait de le faire à Ekur. Cependant, elle lui répondit, tout en remettant coquettement en place ses cheveux noirs, qui, mouillés, avaient la fâcheuse tendance de lui coller au visage.

"Peut-être est-ce simplement parce que je ne suis pas du continent de la terre..."

S'apercevant qu'il s'était mis à la tutoyer, la gamine perdue trouve celà tout naturel. Elle vouvoyait les gens dont elle se méfiait, où à qui elle devait le respect. Et bien qu'elle l'accordât à Ekur, il existait entre eux une complicité qui rendait le "vous" inutile. Du moins était-ce son avis...

Voyant qu'il s'approchait d'elle, la petite se poussa pour lui laisser une place sur son rocher. Avec un sourire, elle continua, amusée:

"Me rendre la monnaie de ma pièce? J'aimerais voir ça!"

Un silence s'installa entre les deux jeunes gens, chacun admirant le paysage. En réalité, sentant la proximité d'Ekur, l'adolescente se retrouvait un peu tourneboulée, mais n'en laissait rien voir. Les légers frôlements de leurs bras ou de leurs jambes lorsqu'ils bougeaient n'avait rien de désagréable. Celà devenait même rassurant, pour l'enfant livrée à elle-même qu'elle était, de sentir la présence d'un autre tout près d'elle.

Observant les poissons, elle tendit sa main dans l'eau. S'éparpillant dans une vraie panique de nageoires et d'écailles, les petits animaux, après un moment, revinrent observer ce drôle de phénomène rose, muni de trois tentacules. Etait-ce comestibles? Leur bouche chatouilla les doigts de Zofia, qui les retira presque immédiatement de l'eau, provocant une nouvelle retraite des poissons en vadrouille.

Le regard des deux jeunes gens se croisèrent. Subjuguée, la voyageuse tenta de sourire, mais n'y parvint pas. C'était bien la première fois que croiser le regard de quelqu'un l'intimidait à ce point. Petite, elle avait été une enfant effrontée, mais rendue adorable grâce à son nez en trompette. Après le drame, elle s'était renfermée sur elle-même, mais sans perdre une certaine dose de sang froid...

*Hé! Zofia! Pourquoi tu perds tous tes moyens? C'est pas normal!! Réveille toi! Allô? Tu m'entends? ZOFIA!!!!!*

Repoussant les assauts de sa conscience qui l'empêchait de profiter du seul moment de calme et de sérénité qu'elle avait connu depuis plusieurs semaines, elle se replongea dans les vertes prunelles de son vis-à-vis, muselant la petite voix qui s'évertuait à raisonner dans sa tête. Elle était fatiguée, perdue, et avait envie de passer un bon moment, et de ne pas penser au lendemain, où il lui faudrait de nouveau se remettre en marche pour trouver sa subsistance. Et chercher des nouvelles de son frère...

Revenant à la situation présente, elle tenta de prononcer une phrase, mais s'en abstint, ne voulant pas briser ce silence tout naturel, et qui ne la mettait nullement mal à l'aise. Sans mot dire, elle adressa enfin un léger sourire à son compagnon, mais n'esquissa aucun geste ni aucune paroles.

Pendant le long silence, Ekur réfléchit. Il fut surpris de retrouver Zofia aussi souvent dans ses pensées. Il entendit une voix espiègle dans son esprit.

**Ekur est amoureux! Ekur est amoureux!** scanda le phénix.
~Et bien...~ répondit le prêtre, hésitant.
** N'essaie pas de faire taire tes sentiments! Tu aimes cette fille. Je le sais car je lis dans ton coeur.**
~Comment en être sûr?~
**... Tu es le plus nul sentimentaliste que j'ai rencontré!**
~ Peut-être mais ça ne se dit pas! C'est très insultant!!~
** Alors...*soupir*, je vais te donner un cours de sentiments.. Quand tu as ton coeur qui sers et que tu as des boules dans la gorge, tu es triste ou bouleversé. Quand ton coeur bat extrêmement rapidement à la vue ou au toucher d'une personne, c'est l'amour!**
~Merci monsieur le génie.~ dit Ekur, sarcastique.
** De rien! C'est le rôle d'un génie d'apprendre des choses aux nuls!**

Le prêtre choisit de ne pas répondre. IL se retourna pour voir Zofia lui faire un léger sourire qui fit envahir l'amour dans le coeur d'Ekur. Il prit la main de Zofia. L'amoureux prit une profonde respiration et prit la parole.

-Zofia, je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Tout le monde ne me considéraient que pour un bâtard demi-elfe à cause de mon père humain. Je suis l'issue du viol de ma mère lors d'un raid contre le village de ma mère. J'ai vécu dans le mépris des autres enfants d'un village qui fut autrefois ma maison. Je te dis ceci car je n'ai jamais éprouvé quelque chose d'aussi fort pour une autre personne, excepté ma mère. Je t'aime.

IL se retourna et observa l'eau. Ses yeux s'emplirent de larmes.

-Si ce n'est pas réciproque, ne t'en fais pas. Je pourrai rester ton ami.

Sentant une main se refermer en douceur sur la sienne, la jeune violoniste sursauta. Son premier geste fut de la retirer immédiatement, mais se rendant compte de la douce chaleur qui l'envahissait, elle n'en fit rien, attendant la suite avec une curiosité étrangement mêlée de peur. Jamais elle ne s'était retrouvée si proche d'un homme. Tout d'abord parce qu'elle ne s'en était jamais laissé le temps. Ensuite parce qu'auparavant, elle prenait grand soin de ne s'attacher à personne, de peur de le perdre par la suite dans des circonstances affreuses. Elle ne détourna pas son regard brillant de celui du jeune homme, mais n'esquissa aucun geste d'encouragement, de même qu'elle ne se déroba pas.

Alors, Ekur se mit à parler. Son discours, prononcé sur un ton vibrant, fit venir les larmes aux yeux de la petite, qui malgré tout ne détourna pas la tête, de peur que son compagnon croit à un refus.

*Il m'aime... c'est bizarre...en si peu de temps? Vraiment étrange... Je n'ai pourtant pas tant de charme...*

Considérant le prêtre sans mot dire pendant un moment, elle tenta de rassembler ses pensées éparpillées. Il lui fallait prendre la parole, évidemment, mais pour dire quoi? Pour l'instant, elle avait surtout grande envie d'embrasser le jeune homme à côté d'elle, mais désirait mettre les choses au clair auparavant. L'ancienne paysanne devenus une voyageuse, elle se retrouvait indépendante, et en parmanence en danger. S'attacher à quelqu'un la priverait forcément d'une part de son autonomie. Et s'il lui arrivait quelque chose...

*Et si tu dois partir bientôt sur un autre continent pour aller chercher Meykan? Tu ne pourras pas enmener Ekur avec toi. C'est bien trop dangereux. Et si tu reste avec lui, jamais tu ne pourras trouver l'argent utile à la traversée. Mais lui mentir? Lui dire que tu ne l'aime pas? Ce serait inhumain, et pour l'un et pour l'autre. Tu le rendrait malheureux... et tu ne te sentirais pas bien non plus.... *

Se mordillant la lèvre inférieur d'un air découragé, la ménestrelle soupira. Bien sûr, elle ressentait quelque chose pour le jeune homme. Mais était-ce vraiment de l'amour? Elle n'avait jamais ressentit quelque chose d'aussi intense pour une autre personne, mais de là à mettre une étiquette dessus... Elle avait terriblement peur de se tromper, de ressentir une sorte de tendresse pour son interlocuteur uniquement parce qu'il l'avait relevée à un moment où elle se sentait totalement perdue. Lui par contre, si ce qu'il venait de lui avouer s'avérait vrai, éprouvait pour elle un sentiment fort, et Zofia n'avait pas le courage de lui faire du mal.

En relevant les yeux vers le jeune homme après un long silence, l'adolescente croisa son regard. Ses yeux bleux se troublèrent. Oui, il s'agissait bien d'amour. Du moins elle le croyait. Mais comment lui expliquer tout ce qui lui trottait dans la tête?

Lâchant à nouveau un léger soupir, elle comença à parler, hésitante, tentant de réagir le plus clairement possible, sans pour autant savoir où elle allait dans ses paroles:

"Ekur je... ce que tu viens de me dire me touche profondément... Pour moi tu es bien plus qu'un demi-elfe illégitime. Tu es quelqu'un qui m'a aidé, qui m'a apporté de l'affection. Tu es quelqu'un qui m'aime... "

Reprenant son souffle, elle avala lentement sa salive avant de continuer:

"Depuis que je suis partie de chez moi, je ne m'étais jamais attachée à personne. Le seul qui ait eu mon affection, c'était mon maître de violon, mais je ne l'ai connu qu'un an. Une année pendant laquelle j'ai cru retrouver un père. Sa mort m'a bouleversée, et depuis, j'ai toujours refusé de m'attacher à d'autres personnes. J'ai muselé mes sentiments pour ne pas souffrir ensuite... Je n'ai jamais été amoureuse. Ce que je ressents pour toi... C'est indéfinissable, je n'arrive pas à mettre un nom dessus. Mais si c'est vraiment de l'amour... Je peux te répondre: moi aussi je t'aime, Ekur."

Une larme roula le long de sa joue, traçant un sillon humide sur son visage. A présent qu'elle s'était tu, elle repensait à toutes les choses qu'elle venait de dire, et songea qu'elle devrait prévenir le jeune homme quant au fait qu'elle devrait surement bientôt partir elle ne savait où. Elle allait le faire, d'ailleurs, quand sa conscience pris le relais.

*Pas maintenant, Zofia. Ne trouble pas un moment merveilleux, tu auras tout le temps de lui dire par la suite. Profite de l'instant présent, et pour une fois, cesse de te préoccuper de ce que tu deviendras demain... sois heureuse, pour une fois depuis longtemps...*

Convaincue, elle ne parla plus. Elle aurait voulu faire un geste vers Ekur, mais tout celà représentait trop de nouveauté pour elle, et, intimidée, elle se contenta d'attendre la réaction du demi-elfe.

Avant que Zofia ne lui dises qu'elle l'aimait, Ekur pleurait dans l'eau, triste. IL pensait à la seule personne qu'il avait aimé avant elle. Sa mère était d'une douceur presque incomparable. Revenant à lui, il entendit la ménestrelle pousser un soupir. Tous ses espoirs tombèrent à l'eau. Un instant, il eut le goût de se lancer à l'eau et de se noyer pour en finir avec la vie et tous les problèmes qui s'y sont rattachés. Puis il se retourna et croisa le regard de la fille qu'il aimait. Elle lâcha un soupir et lui fit un petit discours et reprit sa respiration avant de recommencer à lui annoncer ce qu'Ekur souhaitait qu'elle dises. Une larme coula sur la joue de la ménestrelle. Le prêtre approcha sa main et l'essuya d'un geste de la main. Ensuite, il approcha doucement son visage de celui de Zofia.

-Tu sais, je ne te demande pas de lier ta vie à la mienne, du moins pas maintenant. J'attendrai que tu sois prête. Je ne veux que ton bonheur. Sache que si tu devais un jour partir, je te suivrai. Je ne te laisserai pas toute seule si tu as besoin de moi. Je serai toujours là pour toi.

IL approcha doucement ses lèvres de celles de Zofia et ferma les yeux. Il ne voulait pas la brusquer. Le prêtre souhaitait qu'elle fasse ce qu'elle voualit. Elle serait toujours libre comme le vent.

"Je t'aime..."murmura-t-il.

IL sentit ses joues s'empourprer et son coeur accélérer. IL attendit patiemment la réaction de Zofia.

"Sache que si tu devais un jour partir, je te suivrai"
Plus qu'aucune autre phrase prononcée par Ekur à ce moment-là, celle-ci vint résonner aux oreilles de la jeune fille. Quoi, partir avec elle? L'aider? En serait-il véritablement capable ou n'était-ce que des paroles en l'air... Il paraissait pourtant terriblement sincère. C'était bien la première fois que quelqu'un lui proposait de l'accompagner dans ses pérégrinations. D'habitude, lorsqu'elle sympathisait avec une personne, la seule chose que celle-ci faisait lorsqu'elle annonçait qu'ele partait, c'était de lui adresser de sobres adieux presque indiférents...

Troublée, elle ne répondit rien à celà. Ses pensées, par contre, s'en donnaient à coeur joie.

*Rends toi compte, Zofia, jamais tu ne pourras l'emmener. A l'heure qu'il est, si tes renseignements sont bon, Meykan s'est envolé vers le continent de l'air depuis près de six mois, à la tête d'un groupe de voleurs... C'est décevant, certes, mais là n'est pas la question. Pour le rencontrer, il te faudra te faufiler de gré ou de force entre ses malfrats. Tu connais les brigands, une gamine comme toi ne pourrait que leur sembler une cible facile. Alors exposer Ekur à tout ce chaos? Hors de question. Il a déja vécut une existence difficile, tu n'as pas le droit de l'amener à se jeter dans la gueule du loup. Et pourtant, si tu dois partir, peut-être ne le reverras-tu plus jamais...*

Luttant pour faire taire ces tristes pressentiments, et ne pas se mettre à pleurer, Zofia releva la tête pour entendre la fin des paroles du jeune prêtre, toujours les larmes aux yeux.

Lorsqu'elle sentit les lèvres du jeune homme frôler les siennes, elle eut un moment d'hésitation, mais finalement se reprit. Avec douceur, se sentant terriblement maladroite et inexpérimentée, elle déposa un baiser léger comme l'aile d'un papillon sur le visage de son compagnon, avant de s'écarter légèrement de lui, pas trop cependant, afin de ne pas briser le charme. Clignant des yeux, elle ne pu s'epêcher de sourire légèrement.

C'était... déstabilisant. Pas désagréable, certes, mais étrange. La ménestrelle se souvenait s'être souvent amusée à imaginer la scène de son premier baiser, mais jamais elle n'aurait songé à ces circonstances. Et entre rêver quelque chose et le vivre, il existait une énorme différence.

Avec un sourire un peu plus assuré, elle reposa ses lèvres sur celles du jeune homme en un baiser plus long. Ses mains glissèrent le long de ses épaules nues avec un geste de chaton timide, pour se nouer autour de son cou. Zofia ressentait vaguement l'impression de flotter dans une bulle ouatée, pleine de la chaleur protectrice et agréable d'Ekur. C'était une chose qu'elle n'avait ressentit que plusieurs années auparavant. Dans le lit qu'elle occupait dans sa chaumière, lorsque son père ou son grand frère venaient lui raconter une histoire, et qu'elle s'endormait en entendant leur voix douce la bercer. Retrouver ce genre de sensations lui faisait le plus grand bien.

Se séparant de nouveau d'Ekur, la voyageuse se rendit compte qu'elle avait froid. Se laissant glisser dans l'eau, espérant que nager la réchaufferait un peu, elle prit la main du jeune homme avec un léger sourire, pour l'attirer vers elle.

"Tu viens?"

Ekur eut un frissonnement de bonheur quand elle l'embrassa. L'amour était une émotion complètement nouvelle pour lui. Il la prit dans ses bras et continua jusqu'à ce qu'elle se détache de lui. La voyant un peu frissonante, il s'inquiéta quelques moments mais Zofia descendit dans l'eau. Plus tôt, avant qu'elle ne l'embrasse, il avait sentit une confusion en elle mais il n'en était pas tout à fait certain. Ses sens lui avait peut-être joué des tours. Ekur y réfléchit mais ne put se concentrer longtemps. son amour lui avait pris la main en lui demandant de venir. IL descendit et plongea à l'eau. IL remonta à la surface derrière Zofia et la serra dans ses bras. Il la retourna et l'observa dans les yeux. Il l'embrassa sur les lèvres. Il la relâcha et il l'emmena dans des eaux plus profonde.

-Tu es tellement belle. Comment ais-je fait pour ne pas me rendre compte que je t'aimais plus tôt? Je me le demande.

Puis, après légère réflexion:

-Ne suis-je pas le plus séduisant homme que tu aies jamais vu?dit-il, moqueur.

Il l'embrassa encore mais cette fois, encore plus passionément, langoureusement. Il prit les hanches de sa bien-aimée et mit doucement ses pieds entre les siens. Il se sépara de quelques centimètres pour lui dire, d'un ton triomphant:

-Je t'ai eu!

Rapidement, il la fit basculer dans l'eau de la même manière qu'elle l'avait fait pour lui. Il plongea avec elle fit attttention à ce qu'elle ne s'écorche pas après les rochers pointues ou coupants. Il l'embrassa dans l'eau, trouvant cette sensation étrange. On aurait dit qu'il embrassait une surface lisse munie d'un trou et d'nu objet à l'intérieur qui ne cessait de se mouver. Il se sépara d'elle. Finalement, il la fit remonter. IL éclata d'un rire sincère.

-Je t'ai finalement redonné la monnaie de ta pièce!

Soudain, il eut un éclair dans son esprit. Il se souvint d'avant de l'embrasser cet éclat d'hésitation dans les yeux de Zofia. Prudemment, il lui demanda:

-Y'a-t-il quelque chose que tu ne me dis pas?

(un rien en retard, je suis confuse!)

A la première question d'Ekur, Zofia ne put s'empêcher d'avoir un sourire quelque peu ironique. En effet, cette brusque interrogation de la part du jeune homme lui semblait quelque peu futile et déja vu. Néanmoins, une telle déclaration était évidemment toujours bonne à prendre, mais elle ne put s'astreindre à rester silencieuse:

"Peut-être est-ce, mon cher, pour la simple et bonne raison que ça ne fait que quelques heures que nous nous connaissons"

Cependant, elle continuait de sourire, afin de bien lui faire comprendre qu'il ne s'agissait point là d'une remontrance. Elle rit de sa seconde demande, et répondit, amusée:

"Oh si, bien sûr! Le plus beau, le plus intelligent, le plus parfait... Mais surtout, le plus modeste!"

Elle se sentit littéralement fondre lorsqu'il l'embrassa à nouveau. Maintenant qu'elle sy habituait, la ménestrelle trouvait celà de plus en plus agréable. Chassant farouchement les sombres idées qui venaient la tarauder afin de s'abandonner sans hésiter à son bonheur avec Ekur, elle ne remarqua pas les pieds de son ami qui fauchaient les siens. Brusquement, elle se retrouva dans l'eau. Ouvrant la bouche dans un réflexe pour protester, elle but la tasse. Au même moment, Ekur profita de sa surprise pour l'embrasser. Elle aurait apprécié le baiser si elle n'avait pas en même temps éprouvé une désagréable sensation d'étouffement. Quand enfin il l'aida à remonter, la demoiselle avait les larmes aux yeux à force de manquer d'air, mais entendant son compagnon rire, elle le trouva si enfantin et attachant qu'elle ne chercha pas à l'accabler de sermons, et reprit tranquillement sa respiration tout en essayant de ne pas se laisser absorber par le fou-rire qui peu à peu menaçait de l'atteindre. Jamais elle n'aurait pensé se trouver aussi indulgente envers quelqu'un. Elle se demanda avec un léger agacement jusqu'où irait sa tolérance, mais une question d'Ekur chassa pour le moment ce sujet de son esprit.

"Il y a quelque chose que tu ne me dis pas"

Désarçonnée, l'adolescente, redevenue grave, le sérieux cresant légèrement les traits de son visage en les faisant paraître bien plus matures, leva lentement les yeux vers lui, les sourcils légèrement froncés. Un instant, elle fut tentée de se confier à lui. Mais fondre en larmes aurait certainement tout gâché, et elle désirait profiter d'encore quelques minutes de tranquilité. Alors, après réflexion, la violonniste s'efforça au sourire, et rétorqua du ton le plus serein possible, usant de ses talents de comédienne en sachant parfaitement qu'Ekur ne serait aps dupe:

"Il y a parfois des choses qu'une fille de seize ans qui voyage beaucoup doit prévoir à l'avance. Ce genre de réflexion s'avèrent aprfois assez prenantes"

Se rendant compte que sa réponse bancale n'avait rien de satisfaisant, la brunette décida de faire dévier le sujet. D'un ton goguenard, elle interrogea à son tour, tout en sortant de l'eau pour s'assoir, nue, dans l'herbe:

"Mais dis moi, mon cher ami, j'ai toujours cru que les prêtres se trouvaient voués au célibat; désobéirais tu à la règle, ou me serais-je lourdement trompée?"
Espérant de tout coeur que son amoureux allait lui répondre sans repenser à la précedente conversation, elle se força à arborer un sourire franc et une expression joyeuse...

(HJ: C'est pas grave Zofy! Heureux de t'écrire à nouveau!)

Il écouta la réponse de son amoureuse mais il n'était pas satisfait. Décidant d'oublier pour le moment cette question car il savait qu'elle allait un jour lui en parler. Il étais très patient, lui étant semi-elfe,il vivrait assez plus longtemps qu'elle mais il s'efforça de ne pas se laisser emporter par cette pensée. Les pensées négatives le tailladaient et lui faisait oublier qu,il devait vivre le moment présent, pas tout préparer à l'avance car sinon, il n'y aurais plus aucune surprise dans sa vie et c'était ça qui la rendait attrayante. Il chassa tout son malheur de sa tête et se fit une image mentale de Zofia, apaisant ses tourments, du moins, pour l'instant. Ses pensées se concentrèrent sur elle. Son coeur battait à tout rompre. Il vit Zofia s'asseoir sur l'herbe et le prêtre la suivit et s'assit à ses côtés, un sourire aux lèvres. Elle lui posa une question qu'il trouva assez étrange.

"Mais dis moi, mon cher ami, j'ai toujours cru que les prêtres se trouvaient voués au célibat; désobéirais tu à la règle, ou me serais-je lourdement trompée?"

IL réfléchit quelques instants. Il réfléchit sur les paroles qu'un prêtre lui avait dit un jour, quand il était un apprenti-prêtre. il se rappela son maître lui disant:

" Tous les prêtres n'ont pas d'amoureuses. Ils préfèrent se concentrer uniquement sur leur divinité. C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Vivre l'amour est merveilleux, on a des ailes et on se croit capable de n'importe quoi. Mais si on perd cet amour, on a tout perdu. Les joies sont révolues et on sombre dans le malheur. On oublie tout et on vit malheureux jusqu'à la fin de ses jours. Quand viendra le moment de choisir, fais le bon choix."

Revenant à la réalité, il se tourna vers Zofia pour l'observer dans les yeux.

-Tous les prêtres ne tombent pas amoureux, ce qui alimente cette rumeur. Non, les prêtres peuvent tomber amoureux et se marier. Je suis un des chanceux qui tombe éperdument en amour.

Essayant de se concentrer sur le visage de Zofia, non sa poitrine, il l'embrassa sur les lèvres, un baiser doux et passionné. Après quelques instants, il se détacha d'elle et la regarda dans les yeux. Il ajouta, solonnel:

-Je n'échangerais cette relation pour rien au monde.

Soulagée qu'il ne lui pose pas plus de questions gênantes (du moins pour elle), Zofia poussa un léger soupir. Elle écouta son explication en feignant un profond intérêt. Elle savait déja tout celà, ayant déja rencontré une prêtresse à Glingal, lors d'une fête organisée pour un mariage. Il s'agissait juste d'un moyen apparemment efficace de détourner la conversation.

Sans mot dire, la gamine se laissa embrasser, puis se recroquevilla dans les bras de son ami. Elle n'avait pas tellement l'habitude de se laisser aller ainsi. D'ordinaire, la fille perdue restait toujours sur ses gardes. Pourtant, son instinct lui dictait de se permettre une confiance aveugle dans le jeune homme. Déposant un baiser sur sa joue, elle eut un sourire de contentement. Elle s'interrogeait toujours afin de savoir si tout celà était bien réel. Elle ne parvenait toujours pas à s'en convaincre.

Entendant la phrase d'Ekur, elle ne put s'empêcher de rire doucement en s'apercevant du ton solennel qu'il avait adopté. Ses tempes s'empourprèrent gracieusement. Pour cacher son trouble, elle posa brièvement ses lèvres sur celle du prêtre, avant de plonger ses yeux dans les siens, toujours avec une moue amusée. Puis, sans rien dire, elle s'installa de manière à faire face à la rivière, sa tête reposant sur l'épaule de son compagnon. Le soir commençait à tomber peu à peu. la cime des arbres masquaient malheureusement le coucher de soleil, mais celà n'enlevait rien au romantisme de la situation et au sentiment de douceur et de relaxation qui envahissait peu à peu la jeune ménestrelle. Se rendant compte qu'elle commençait à piquer du nez dans les bras de demi-elfe, elle fit un effort pour rester éveillée, et adressa un sourire quelque peu fatigué à son vis à vis. Lorsqu'elle ressentait ainsi de l'épuisement, son visage ressemblait encore davantage à celui d'un bébé somnolent, ce qui en vérité n'ôtait rien à son charme encore bien enfantin. Etouffant un baîllement, elle se remit sans prononcer une parole dans sa position intiale, une expression sereine s'étalant sur ses traits un peu émaciés.

Elle réfléchit à sa journée. Elle s'était perdue la veille, avait rencontré le roi de Wilwarin, avait séjourné au château, puis, son hôte s'était absenté et elle savait fuit elle ne savait pourquoi ni comment au temple, faisant ainsi la connaissance d'Ekur quelques heures auparavant. Même pour une voyageuse, ces deux derniers jours s'avéraient riches en péripéties!

Frissonante, car il commençait à faire froid une fois que le soleil eut disparu, l'adolescente se serra un peu plus contre Ekur, essayant de se procurer un peu de chaleur. Une petite voix dans sa tête lui demanda s'ils comptait dormir là, et ce qu'ils voudraient faire avant de s'assoupir, mais elle la fit taire. Inutile de s'embarrasser de questions embêtantes alors qu'elle venait juste de couper court à celles de son compagnon.

(30 lignes de narration... j'suis trop forte!)

(HJ: WoW!! Félicitations!)

Ekur la sentit s'endormir doucement dans ses bras. Il la laissa tranquille tout en regardant les étoiles, qui commençaient à apparaître dans les cieux. IL les regarda en souriant et en réfléchissant à tout et à rien. Son phénix perché sur une branche d'arbre semblait dormir. Pris d'un doute, il détourna le regard d'un oiseau et après quelques instants d'attente, le retourna rapidement. L'animal mythique les regardaient avec attention. Azur cligna plusieurs fois des yeux avant de s'envoler dans des branches situées plus haut dans l'arbre. Il y trouva un petit nid douillet et se coucha à l'intérieur. IL s'endormit doucement, un vent faisant bruisser ses plumes.

C'est à ce moment qu'Ekur sentit Zofia frissoner et se serrer contre le corps du jeune semi-elfe. Celui-ci pensa immédiatement à ce qu'ils allaient faire. *Le temple est loin. Nous prendrions assez de temps pour y aller et il ferait nuit.* Ils pourraient avoir de mauvaises rencontres et Ekur décida de faire un petit feu. Doucement, il réveilla son phénix avec ses pensées et lui demanda très gentiment d'emmener quelques branches mortes et de les allumer afin de faire un feu. L'oiseau se mit à la tâche et après une vingtaine de secondes, un joli feu brûlait doucement près d'eux. Ekur, à l'aide d'une prière silencieuse, fit déplacer les feuilles environnantes afin de créer un petit matelas végétal. IL y déposa Zofia et prit soin à ce qu'aucune feuille ne s'envole au vent et tombe dans le feu. IL s'étendit à côté d'elle, du côté le plus loin du feu, afin que la ménestrelle ait plus de chaleur que lui. Il se leva, prit sa tunique verte et la vêtit. Il retourna aux côtés de Zofia qui ne semblait plus frissonner. Il ne prit aucune chance alors il entoura Zofia de ses bras. Lui chuchotant qu'il l'aimait, il fit une courte prière à sa Déesse Kanbonverka afin que leur sommeil ne soit pas dérangé par quoi que ce soit, pas même par son oiseau. IL ferma les yeux et commença doucement à sombrer dans un sommeil réparateur...

(HJ: Moi, j'en fait que 15. Je peux pas vraiment en faire plus.

Lorsque le soleil parvint à faire percer quelques rayons timides entre les arbres, la jeune fille était réveillée depuis plusieurs minutes. Emergeant rapidement du sommeil, elle cligna des yeux. Alors qu'elle voulait se redresser, elle sentit deux bras autour d'elle. Sursautant, elle sourit en reconnaissant Ekur. Ainsi, ses souvenirs s'avéraient bien réels. Il s'agissait évidemment d'une excellente chose, cependant, Zofia ne pouvait s'empêcher d'éprouver un pincement de coeur en regardant le jeune homme, qui sommeillait tranquillement.

En effet, durant la nuit, elle s'était éveillée à plusieurs reprises, ne réussissant à s'endormir que quelques heures plus tard. Durant ces moments où le sommeil la fuyait, la ménestrelle avait eu amplement le temps de réfléchir. Il fallait qu'elle retourne à Mynorie. Elle devait s'acheter de nouveaux vêtements, des affaires de voyage... Aewos devait l'attendre. Etais ce bien prudent de l'enmener avec elle si... Stop!Elle n'en était pas encore là. Il se passerait certainement encore quelques semaines avant qu'elle ne s'embarque. En attendant, il fallait avant tout songer à l'instant présent. Il fallait qu'elle parte.

Se levant lentement, afin de ne pas réveiller le jeune homme, la gamine avisa ses vêtements. Ils ne semblaient pas appropriés à la marche qu'il lui faudrait faire jusqu'à Mynorie, mais les autres étaient restés au château. Lentement, elle les revêtit. La petite avait la mort dans l'âme, mais savait qu'elle ne pouvait faire autrement. D'un esprit pratique, même si Ekur désirait l'accompagner dans le royaume voisin, il ne pourrait que la gêner. Elle rpéférait de loin agir seule plutôt que d'avoir un poids à tirer. Et malgré tous les sentiments qu'elle pouvait éprouver pour le semi-elfe, la voyageuse était consciente qu'elle n'avait pas le droit de le pousser à vivre comme elle-même le faisait. Dormir dehors et mendier n'était pas digne de cet homme qui l'avait aidé et qui l'aimait.

Jetant un regard presque attendri au prêtre, qui ne semblait pas devoir se réveiller avant encore un moment, la viloniste avisa les chevaux, qui paissaient à quelques pas de la rivière. Après un moment d'hésitation, elle se dit qu'elle ne possédait pas assez de temps pour les ramener chez Céganion. Détachant les animaux, elle leur enjoignit de retourner au château. Salia, la petite jument, sembla comprendre, car ses oreilles en pointes se redressèrent brusquement, et elle braqua son regard vif et intelligent sur sa cavalière. Celle-ci lui adressa une affectueuse caresse. Elle avait finit par s'attacher à la pouliche. Puis, lui donnant une légère tape sur la croupe, elle la regarda s'éloigner au galop en direction de l'orée du bois, suivie de près par le cheval du roi de Wilwarin.

Renonçant à réveiller Ekur, car elle s'attendait à ce que l'au revoir soit difficile, elle chercha des yeux son phoénix. Elle finit par le distinguer, perché sur une branche, qui la regardait. Un moment, elle crut voir une lueur amusée, légèrement ironique, dans les yeux superbe de l'oiseau de feu. Troublée, elle resta un moment sans rien dire, puis, prenant une brusque inspiration afin d'éviter de se mettre à pleurer, elle murmura en direction du volatile:

"Tu me comprends, n'est ce pas? Si c'est le cas... Pourras tu dire à Ekur que... Je suis obligée de m'absenter..."

Réfléchissant rapidement, se mordillant les lèvres de manière presque douloureuse, l'adolescente termina sa phrase dans un souffle, la gorge sèche, les yeux irrités ç force de retenir ses larmes:

"S'il te plaît...Dis lui que s'il veut me revoir... qu'il vienne ici dans deux semaines... Je l'attendrais pour lui dire..."

Elle détourna la tête, incapable de prononcer le mot "adieu".

Se retournant afin de ne pas voir le corps endormi de celui qu'elle aimait, elle adressa un vague signe de main à l'oiseau, avant de ramasser ses quelques affaires. Elle raviva le feu, qui avait décliné durant la nuit, puis se mit en marche dans la même direction qu'avaient prise les chevaux un instant auparavant. Se concentrant sur le fait d'avancer, de poser un pied devant l'autre, elle retrouva au bout d'un moment sa sérénité et son calme, sans pour autant pouvoir effacer l'image du visage d'Ekur de sa mémoire.

Bientôt, elle quitta le bois. S'orientant rapidement grâce au soleil qui maintenant lui dispensait généreusement sa chaleur, la jeune femme ne put s'empêcher de sourire en respirant l'air printanier du royaume. Ne songeant plus que bientôt, elle devrait partir à al recherche de son frère, elle partit au pas de course, à l'assaut d'une petite colline. Lorsqu'elle parvint au sommet, éssouflée, elle porta sa main en visière afin de protéger ses yeux clairs de la lumière trop vive, et regarda à l'horizon. Au loin apparurent les frontières du royaume de l'automne. Sans hésiter, elle se dirigea dans cette direction, comptant mentalement les kilomètres qu'elle parcourait et les choses qu'elle aurait à faire en arrivant en ville.

(je te laisse poster si tu veux, je te préviendrais pour jouer les retrouvailles lol)